La Spasticité en Neurologie

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Introduction

 Le réflexe myotatique résulte d'une circulation interrompue de messages de nature électrique dans les fibres nerveuses. Ce réflexe permet le maintien d'une posture dans l'espace.

Si l'équilibre subtil des signaux nerveux au niveau de la moelle épinière est perturbé, il en résulte une augmentation incontrôlée du tonus musculaire.

 

La spasticité (en anglais : spasticity) est une affection du système nerveux central. Cette pathologie se caractérise par une altération de la voie cotico‑spinale conduisant à une hyperexcitabilité du réflexe myotatique. Elle aura pour effet une augmentation anormale du tonus musculaire et d’une raideur involontaire associée à un déficit moteur. (1) La spasticité fait notamment partie du tristement célèbre syndrome pyramidal. Dans cet article, nous plongerons dans les nuances de la spasticité, en explorant ses divers aspects, de la physiopathologie à l'étiologie

 

Physiopathol    ogie

 

La spasticité trouve son origine dans des altérations complexes du contrôle neurologique des muscles, principalement localisées au niveau de la moelle épinière (en anglais : spinal cord). Les motoneurones spinaux sont essentiels à la régulation des mouvements musculaires. Les altérations des motoneurones contribuent à l'augmentation anormale du tonus musculaire et à la raideur caractéristique observée chez les patients. Suite à un un traumatisme de la moelle épinière, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une autre pathologie, l'équilibre subtil entre les signaux excitatoires et inhibiteurs est perturbé.

À un niveau microscopique, ces perturbations se manifestent par des altérations dans la transmission synaptique et des changements dans la connectivité neuronale de la voie cotico‑spinale. Les voies nerveuses responsables de l'inhibition des motoneurones responsables des réflexes myotatiques deviennent moins efficaces. Cela conduit à leur activation excessive et donc à une contraction musculaire incontrôlée. Parmi les symptômes, ce dysfonctionnement neurologique se traduit par une raideur musculaire caractéristique. Cette contraction  limite la capacité du patient à effectuer des mouvements fluides et coordonnés.

 

Étiologie

 

La spasticité peut être déclenchée par diverses affections neurologiques, chacune contribuant de manière spécifique à la complexité de cette complication.

Ainsi, les AVC peuvent provoquer des lésions cérébrales spécifiques entraînant une spasticité. Elle est souvent observée dans les membres, controlatérale à la lésion cérébrale. De même, la sclérose en plaques, une maladie auto‑immune affectant le système nerveux central par démyélinisation, peut causer une spasticité. Dans ce cas, la spasticité est homolatérale à la lésion.

Les traumatismes médullaires (en anglais : spinal cord injury), résultant d'une blessure physique, d'une intervention chirurgicale ou d'autres facteurs, constituent une autre cause majeure de spasticité. Les lésions de la moelle épinière perturbent la transmission des signaux nerveux. Ces lésions ont pour effet une augmentation du tonus musculaire et des spasmes incontrôlés.

D’autres affections neurologiques peuvent également entraîner la survenue de la spasticité telles que certaines formes de paralysie cérébrale ou des infections rares en occident comme la poliomyélite.

 

Épidémiologie

1/3 des patients suite à un AVC sera atteint de spasticité. En France, cela représente environ 40 000 nouvelles personnes par an . Jusqu'à 2/3 des patients ayant une sclérose en plaques sont atteints de spasticité. En France, cela représente environ 4 000 nouvelles personnes/an. (2)

 

Diagnostic clinique

 

L'évaluation clinique approfondie de la spasticité, comprenant l'analyse des antécédents médicaux du patient et un examen neurologique détaillé, est cruciale pour déterminer la raison sous‑jacente de l'augmentation du tonus musculaire.

Ainsi, le diagnostic précis de la spasticité repose sur une évaluation clinique approfondie, combinant l'analyse des antécédents médicaux du patient, un examen neurologique détaillé comprenant l’analyse du réflexe myotatique et, dans certains cas, des examens complémentaires tels que l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ou l'électromyographie (EMG). L'évaluation du tonus musculaire et des réponses aux mouvements passifs est essentielle pour déterminer la sévérité de la spasticité.

L'utilisation d'échelles d'évaluation standardisées, telles que l'échelle d'Ashworth modifiée, peut aider à quantifier objectivement le degré de spasticité. (3) Cette dernière permet aux cliniciens d'évaluer la résistance musculaire lors de la mobilisation passive des articulations, offrant ainsi un moyen fiable d'évaluer et de suivre l'évolution de la spasticité au fil du temps. Le diagnostic précoce et précis de la spasticité est crucial pour mettre en place un plan de soins appropriés, améliorer les résultats cliniques et la qualité de vie du patient.

 

Traitement

La spasticité, caractérisée par une augmentation du tonus musculaire, nécessite une approche proactive de gestion des symptômes, impliquant une coordination étroite entre les différents services hospitaliers et les professionnels de santé.

La prise en charge de la spasticité est complexe. Elle nécessite souvent une approche holistique impliquant différentes modalités thérapeutiques, le plus souvent retrouvées à l’hôpital. Les options de soins comprennent des interventions pharmacologiques, des thérapies physiques et occupationnelles, ainsi que des approches interventionnelles et chirurgicales dans les cas les plus graves et réfractaires.

L'augmentation du tonus musculaire observée dans la spasticité peut être atténuée par des interventions médicales telles que l'administration de médicaments anti‑spastiques. Ainsi peuvent être administrés pour réduire les effets de la spasticité et atténuer les spasmes musculaires. (4) :

  • dérivé p‑chlorophényle de l'acide gamma‑aminobutyrique (GABA),
  • benzodiazépines
  • la toxine botulique

L'administration de ces traitements est réalisée par voie locale intramusculaire, intrathécale ou par voie générale. Ces agents agissent en modulant l'activité des neurotransmetteurs (notamment les récepteurs GABA) ou en bloquant la libération d'acétylcholine au niveau de la jonction neuromusculaire. Les traitements réduisent ainsi la contraction musculaire excessive.

Les effets indésirables des médicaments anti‑spastiques, tels que la somnolence et la faiblesse musculaire, doivent être surveillés attentivement dans le cadre des soins cliniques.

Les traitements disponibles, qu'ils soient administrés à l'hôpital ou en ambulatoire, visent à réduire l'augmentation du tonus musculaire et à améliorer la qualité de vie des patients atteints de spasticité.

La physiothérapie et l'ergothérapie jouent un rôle essentiel dans les soins prodigués en améliorant la mobilité, la fonction musculaire et la qualité de vie globale des patients. Des techniques telles que l'étirement des muscles spastiques, la stimulation électrique fonctionnelle et la formation à la marche peuvent aider à améliorer la fonction motrice et à prévenir les complications musculo‑squelettiques associées à la spasticité.

Dans le cadre des parcours patients, les séances d'étirement musculaire régulières sont souvent recommandées pour prévenir les complications musculo‑squelettiques associées à l'augmentation du tonus musculaire dans la spasticité.

Concernant les enfants, les cliniciens spécialisés en neurologie pédiatrique sont bien équipés pour fournir des soins complets aux jeunes patients atteints de spasticité. Ils mettent l'accent sur la gestion des symptômes et l'amélioration de la qualité de vie, grâce à une prise en charge multidisciplinaire. Les enfants atteints de spasticité peuvent notamment bénéficier de soins physiques spécifiques. Peuvent ainsi être prodigués des séances d'étirement musculaire régulières pour améliorer leur amplitude de mouvement et réduire la raideur.

Dans les cas graves et résistants aux traitements conservateurs, des interventions chirurgicales peuvent être envisagées. Ces interventions incluent la neurotomie sélective ou la rhizotomie dorsale sélective, visant à moduler le tonus musculaire et à améliorer la fonction motrice. Le choix du traitement dépendra de la sévérité de la spasticité, de la tolérance du patient aux médicaments et de ses objectifs de rééducation.

Encore aujourd’hui, la recherche continue à explorer la physiopathologie pour développer des traitements plus efficaces et moins contraignants.

 

Pronostic

 

Le pronostic de la spasticité dépend de divers facteurs, notamment la cause sous‑jacente, la sévérité de l’affection et la réactivité au traitement. Une gestion précoce et efficace de la spasticité peut contribuer à améliorer la qualité de vie du patient, en réduisant les symptômes et en prévenant les complications à long terme. Cependant, dans les cas plus sévères et résistants aux traitements, la spasticité peut avoir un impact significatif sur la fonction motrice et l'indépendance fonctionnelle.

Le suivi régulier, en utilisant des évaluations objectives telles que l'échelle d'Ashworth modifiée, est crucial pour surveiller l'évolution de la spasticité et ajuster le plan thérapeutique en conséquence. En intégrant une approche multidisciplinaire et personnalisée, les cliniciens peuvent mieux gérer la spasticité et améliorer les résultats à long terme pour les patients atteints de cette affection neurologique complexe.

 

Conclusion

 

La spasticité représente un défi clinique majeur en neurologie, nécessitant une approche holistique et multidisciplinaire pour sa prise en charge. En comprenant les mécanismes physiopathologiques, les facteurs étiologiques et les options thérapeutiques disponibles, les professionnels de santé peuvent mieux répondre aux besoins individuels des patients et améliorer leur qualité de vie. En continuant à explorer et à innover dans le domaine de la recherche et du traitement de la spasticité, nous espérons progresser vers des approches plus efficaces et personnalisées pour cette complication handicapante.

 

Références

  1. Trompetto, C., Marinelli, L., Mori, L., Pelosin, E., Currà, A., Molfetta, L., & Abbruzzese, G. (2014). Pathophysiology of Spasticity: Implications for Neurorehabilitation. BioMed Research International2014, 1‑8. https://doi.org/10.1155/2014/354906

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25530960/

https://scholar.google.com/scholar?cluster=6104977304338828248&hl=en&as_sdt=0,5

  1. Martin, A., Abògúnr̀In, Ṣ., Kurth, H., & Dinet, J. (2014). Epidemiological, humanistic, and economic burden of illness of lower limb spasticity in adults: a systematic review. Neuropsychiatric Disease And Treatment, 111. https://doi.org/10.2147/ndt.s53913

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24482572/

https://scholar.google.com/scholar?cluster=4138274047229563011&hl=en&as_sdt=0,5

  1. Bohannon, R. W., & Smith, M. B. (1987). Interrater Reliability of a Modified Ashworth Scale of Muscle Spasticity. Physical Therapy67(2), 206‑207. https://doi.org/10.1093/ptj/67.2.206

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3809245/

https://scholar.google.com/scholar?cluster=2143312460188610804&hl=en&as_sdt=0,5

  1. Ghai, A., Garg, N., Hooda, S., & Gupta, T. (2013). Spasticity - Pathogenesis, prevention and treatment strategies. Saudi Journal Of Anaesthesia7, 453. https://doi.org/10.4103/1658-354x.121087

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24348300/

https://scholar.google.com/scholar?cluster=6122661115941604736&hl=en&as_sdt=0,5

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